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Le Blog de Nostalgie Toulon
15 juin 2011

Inondations dans le Var, un an après

Quand le ciel se déchaîne

Le début de journée est pluvieux dans le Var. Aux alentours de midi, les pluies s'intensifient et deviennent torrentielles, notamment dans la région de Draguignan et dans la basse vallée de l'Argens. En début d'après-midi les rivières de la Dracénie se jetant dans l'Argens commencent à gonfler et c'est à partir de 17 heures 30 que se produisent des inondations exceptionnelles. Nous sommes le 15 juin 2010.

Mireille Audat, agricultrice à Draguignan avait été joint par la rédaction de Nostalgie au lendemain des inondations. Le récit de cette boulangère après une nuit de cauchemar...

L'adjudant Sylvain Hochard du troisième Régiment d'Artillerie de Marine de Canjuers était chez lui, dans un lotissement de dix maisons à Draguignan, ce fameux mardi après-midi quand tout a basculé. Face à la montée des eaux, le militaire a dû procéder à l'évacuation de sa femme et de son fils afin de les mettre en sécurité...

A quelques kilomètres de là, au même moment, la Clinique de Notre-Dame se retrouve elle aussi sous les eaux. 150 patients sont dans l'établissement, en plus des visiteurs et du personnel, au total, il y a 300 personnes à sauver. Lisa Bronda, la directrice fait monter tout le monde au premier étage...

Aucune victime n'est à déplorer au sein de la clinique, si ce n'est que la clinque elle-même. Durement touchée, l'infrastructure a dû fermer ses portes le lendemain de la catastrophe, pour ne rouvrir qu'en février dernier, soit huit mois après. Montant des travaux : quelques 30 millions d'euros. La clinique a reçu Clinique Notre-Dame 4 une indemnisation de 25 millions d'euros, dont 4 millions ont servi à racheter du matériel.


 

 

 

 

Dans cette journée du 15 juin et jusqu'en milieu de nuit, il est tombé 400 millimètres d'eau (l'équivalent de 400 litres au mètre carré) dont 397 millimètres en cinq heures sur une zone restreinte. La brutalité de cet évènement s'expliquerait aussi par la mise en charge de rivières souterraine amorçant des siphons existants dans ce sous-sol karstique. Ont suivi alors des crues paroxysmiques de certains cours d'eau et rivières du bassin de l'Argens.

A supposer que ce soit vraiment comparable, l'Histoire nous apprend qu'en juillet 1827, se serait produit un évènement de même ampleur.

 

Un lourd bilan

Ces inondations auront fait 23 morts, deux disparus et occasionnées plus d'un milliard d'euros de dégâts, dont 13 millions d'euros rien que pour Draguignan. Des Arcs-sur-Argens à Taradeau, des villages sont dévastés, la prison de Draguignan et la clinique Notre Dame sont détruites. Les zones industrielles, les campings et les récoltes ravagés. Plus de 10.000 véhicules hors d'usage.

Quand on demande à l'adjudant Sylvain Hochard du troisième Régiment d'Artillerie de Marine de Canjuers ce qu'il a perdu, sa réponse, gorge serrée : "25 ans"...

On recense près de 31.560 sinistrés, dont 18.350 habitations et logements touchés de Draguignan à Fréjus. L'état de catastrophe naturelle est déclaré dans 42 communes, mais ce sont 19 communes qui ont été particulièrement touchées (Ampus, Châteaudouble, Draguignan, Figanières, Fréjus, La Motte, Le Cannet-des-Maures, Le Luc, Le Muy, Les Arcs-sur-Argens, Lorgues, Montferrat, Puget-sur-Argens, Roquebrune-sur-Argens, Sainte-Maxime, Taradeau, Trans-en-Provence, Vidauban, Villecroze). Venu sur place, le président Nicolas Sarkozy promet que plus personne ne construirait dans une zone reconnue comme étant dangereuse.

3.417 entreprises sont plus ou moins lourdement touchées. Certaines ne rouvriront pas. C'est le cas de la prison de Draguignan.

On se souvient qu'en décembre, soit six mois après ces pluies torrentielles, le président du Tribunal de Commerce de Draguignan annonçait que quelque 40% des entreprises sinistrées n'avaient toujours pas été expertisées, dénonçant "la lenteur des expertises d'assurance". Aujourd'hui, tous les dossiers ne sont pas encore finalisés, notamment dans le monde agricole et chez les sapeurs-pompiers qui ont perdu 87 véhicules. Et si en décembre seulement cinq entreprises étaient sous le coup d'une liquidation judiciaire, elles sont à ce jour de plus en plus nombreuses à devoir mettre la clé sous la porte. "Les difficultés viennent après la restructuration de l'outil de travail pour retrouver la clientèle perdue pendant les mois de fermeture forcée", selon Philippe Poinsignon...

Un horizon plutôt pessimiste pour Philippe Poinsigon, alors que si "un repli de l'activité économique sur les bassins de Draguignan et de Fréjus a été observé dans les mois qui ont suivi les inondations, cette tendance s'est atténuée en 2011. Ni le taux de chômage, ni le niveau des effectifs salariés du secteur privé ne montrent de dégradation particulière dans les zones concernées", affirme de son côté la préfecture du Var.

 

"Un an et toujours rien"

 

P6080010

A Rebouillon, hameau dévasté par les inondations, et où "pas une pierre n'a été déplacée depuis", les habitants se sentent abandonnés et craignent un nouveau drame.

Ce mardi 15 juin 2010, gonflée par les eaux, la Nartuby sort de son lit avec violence et arrache tout sur son passage : ponts, arbres, rochers et maisons. A Rebouillon, le paysage est littéralement transformé. Les gravats se sont amassés sur deux mètres de hauteur dans le lit de la rivière, dont d'innombrables rochers encombrent toujours les rives, elles-mêmes éloignées d'une quinzaine de mètres contre cinq avant la catastrophe.

 
Rebouillon

Seul un petit gué a été aménagé en urgence pour permettre aux habitants de deux maisons isolées de pouvoir sortir de chez eux, mais fondamentalement "rien n'est fait et on n'est pas à l'abri que cela revienne", souligne Cyrille Pottier, président de l'Association pour la Sécurité et la Défense de la Nartuby. P6080013

Depuis un an, la rivière a débordé à quatre reprises. La dernière en date : le 5 juin quand de nouvelles fortes pluies ont réveillé de mauvais souvenirs dans ce hameau de 80 habitants, dont trois ont perdu la vie lors des inondations de juin 2010. 90 millions d'euros de travaux d'urgence restent à réaliser sur la rivière. Un espoir tout de même, puisque le conseil syndical du SIAN (Syndicat Intercommunal d'Aménagement de la Nartuby) a approuvé le 8 juin dernier le "Plan Nartuby". Un plan qui consiste à localiser le site, présenter l'action et sa nature (entretien, réparation ou prévention), avec une définition du maître d'ouvrage pressenti et du niveau de priorité. On devrait également connaître une estimation de l'opération. Il aura donc fallu près d'un an pour qu'un premier plan se dégage des décombres. Pendant ces douze mois les habitants de Rebouillon ont dû pratiquement se passer des autorités, et louer eux-mêmes un petit tractopelle pour constuire une digue de terre de fortune. Un an donc, et toujours rien. En tous cas rien de physique, mais les dossiers ont fortement avancés, selon Jean-Marc Milési, premier adjoint au maire de Châteaudouble, et qui a perdu ses deux parents lors de la catastrophe...

Le président du SIAN, Gérard Totora, a de son côté l'intention de proposer prochainement la mise en place d'un Plan d'Aménagement pour la Prévention des Inondations (PAPI) pour la Nartuby aux membres de son conseil.

Et en toile de fond de ce premier anniversaire, trois plaintes mettent en cause les secours et une polémique entoure le mémorial aux victimes qui doit être inauguré ce mercredi 15 juin 2011. Si les traces des flots s'estompent, les préoccupations restent nombreuses en Dracénie.

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